Le Processus de Reconsolidation Thérapeutique
Jusqu’aux années 1990, la théorie dominante en neurosciences disait qu’une fois consolidée, une mémoire est stable et permanente. Przybyslawski et Sara ont eu une intuition différente : et si le fait de réactiver un souvenir pouvait le rendre à nouveau fragile, nécessitant une nouvelle consolidation ? Autrement dit: et si la mémoire pouvait être « mise à jour » biologiquement ? Depuis une vingtaine d’années, des chercheurs ont découvert que la mémoire émotionnelle des souvenirs peut être réécrite, littéralement modifiée au niveau cérébral, grâce à un mécanisme appelé reconsolidation.
C’est ce principe que le Processus de Reconsolidation Thérapeutique (PRT) utilise en RME© pour transformer durablement l’empreinte émotionnelle des schémas traumatiques.
La mémoire émotionnelle:
Tout du long de sa vie, le cheval va vivre des expériences différentes, que ce soit en intensité, en répétition ou en pertinence. Certaines seront vécues comme neutres, d’autres vont laisser une empreinte émotionnelle bien ancrée dans la mémoire. Son cerveau va donc créer des prédictions en fonction de ce qu’il a déjà vécu: le cheval va alors pouvoir réagir rapidement, sans réfléchir et adapter son comportement pour assurer sa survie. Il ne réagit donc pas au réel (ce qu’il est en train factuellement de se passer) mais à ce qu’il croit qu’il va arriver !
Exemple: le cheval passe devant une bâche, pile au moment d’un coup de vent. Le vent soulève la bâche, ce qui surprend le cheval, la surprise se transforme en peur et il trouve la solution de s’enfuir pour mettre de la distance avec cette menace. Plus tard, lorsqu’il devra passer devant une bâche, son cerveau fera la prédiction que la bâche est dangereuse car elle attaque quand il passe à côté. Inconsciemment, il cherchera à s’en éloigner car il est admis, dans sa mémoire, que cet objet présente une menace.
Le mécanisme du PRT:
Les études ont montré que la mémoire devient labile et malléable aux modifications quand le souvenir d’un schéma prédictif est réactivé. Lors d’une intervention, on va donc chercher à réactiver le souvenir problématique du cheval sans dépasser sa limite limbique (ce qu’il ne peut supporter).
Cette activation du schéma va ouvrir ce que l’on appelle une « fenêtre de reconsolidation », et c’est pendant ce laps de temps que l’on va provoquer une expérience qui ne correspond pas à celle qu’avait prédit le cheval (on crée une expérience contradictoire).
Cette expérience contradictoire va créer un décalage entre prédiction et réalité auquel le cerveau du cheval ne s’attend pas, et va venir destabiliser l’apprentissage du cerveau : celui-ci devient perméable à la mise à jour du schéma. On va donc répéter ce décalage plusieurs fois pour réécrire un nouveau schéma, l’ancien ne pouvant plus être réactivé car il aura totalement disparu de la mémoire du cheval.
Le mécanisme du PRT est présent naturellement dans tous les systèmes nerveux, ce n’est donc pas une méthode ni une invention humaine. Il permet aux êtres vivants de s’adapter à toute nouvelle situation de manière rapide et efficace pour leur survie. Ce mécanisme peut donc parfois s’insérer lors d’une séance en conditionnement classique (récompense ou punition) à l’insu de l’entraîneur, et rendre sa leçon terriblement efficace…ou délétère ! En formation RME©, on apprend les rouages de ce mécanisme naturel afin de pouvoir l’utiliser de façon consciente.
Pour aller plus loin :
Comment le cheval désapprend ?